Artibonite, le 14 octobre 2024.– La situation sécuritaire en Haïti, notamment dans la vallée de l’Artibonite, continue de se détériorer malgré les promesses et les efforts déclarés des autorités policières. L’événement tragique du massacre de Pont-Sondé, où plus de 115 personnes ont perdu la vie et environ 60 autres ont été blessées, a marqué un tournant dans l’opinion publique. Les gangs, particulièrement le tristement célèbre « Gran Grif », continuent de semer la terreur dans la région.
Alors que les habitants de l’Artibonite sont plongés dans une crise sécuritaire sans précédent, le discours des responsables de la Police Nationale d’Haïti (PNH) semble de plus en plus éloigné de la réalité. Les déclarations récentes de Lionnel Lazard, porte-parole adjoint de la PNH, jettent de l’huile sur le feu en minimisant la gravité de la situation ou en détournant l’attention des échecs flagrants des forces de l’ordre.
Distinction entre Opération Policière, Intervention et Démonstration Policières
Il est essentiel de distinguer trois concepts qui, bien que souvent confondus, ont des objectifs et des implications bien distincts dans la lutte contre la criminalité en Haïti :
1. Opération policière: Il s’agit d’une action planifiée et coordonnée par la police pour neutraliser une menace, appréhender des suspects ou restaurer l’ordre public. Elle suppose une préparation minutieuse, des ressources adéquates, et une stratégie à long terme. Dans le contexte haïtien, les opérations policières efficaces sont rares, malgré les nombreux blindés et effectifs policiers déployés dans certaines zones comme l’Artibonite.
2. Intervention policière: Cela désigne une action plus ponctuelle, souvent en réponse à une situation immédiate de crise ou de danger. L’intervention peut être nécessaire pour gérer un incident isolé, comme un kidnapping ou une fusillade, mais elle ne suffit pas à stabiliser durablement un territoire. Trop souvent en Haïti, l’intervention policière se limite à une réponse de surface, sans pour autant éradiquer le problème de fond.
3. Démonstration policière : Ce terme peut être utilisé pour décrire une action où la police fait acte de présence sans véritable intention d’intervenir de manière décisive. C’est une forme de dissuasion visuelle ou symbolique, mais qui, dans des contextes aussi complexes que celui de l’Artibonite, s’avère souvent inefficace. Pire, ces démonstrations peuvent parfois être perçues comme des tentatives de camouflage de l’impuissance des autorités.
Entre Vérité et Mensonge
Il est impératif que la PNH cesse de se livrer à des déclarations qui donnent une fausse impression de contrôle. Le problème sécuritaire en Haïti, notamment avec les gangs tels que « Kokorat San Ras », dépasse la simple mise en scène d’interventions policières. Alors que la population continue de souffrir, avec des kidnappings et des assassinats qui se multiplient, il est plus que temps pour les autorités d’assumer pleinement leurs responsabilités.
Disposant de 16 blindés et de plus de 300 policiers dans la zone, on pourrait s’attendre à une amélioration de la sécurité. Pourtant, la réalité est tout autre. Ces ressources semblent largement sous-utilisées, voire détournées de leur objectif initial. Plutôt que de garantir la sécurité des citoyens, la police apparaît de plus en plus déconnectée des besoins réels de la population, perdue dans ses propres contradictions.
La confiance dans les institutions s’érode chaque jour, et seule une action policière transparente, efficace et en phase avec les attentes du peuple haïtien pourra redresser la situation.
Il ne s’agit plus simplement de rétablir l’ordre, mais de rétablir la confiance. La population haïtienne mérite une police qui dit la vérité, agit avec intégrité et met fin à cette spirale de mensonges et de violence. Les actions doivent désormais parler plus fort que les mots, car chaque jour de silence ou de dissimulation coûte des vies humaines.