La traversée de l’Ouest au Grand Sud d’Haïti est devenue un parcours périlleux pour les habitants, confrontés à une montée de violence depuis près de onze mois.
Tandans7, le mardi 1er octobre 2924.- À partir du 1er novembre 2023, le Grand Sud de la capitale haïtienne est devenu une zone convoitée par des groupes armés, qualifiés de « bandits légaux ». Cette situation a transformé cette route en un corridor dangereux, où les affrontements entre forces de l’ordre et groupes armés persistent. Les habitants obligés de traverser cette région, quel que soit leur moyen de transport, risquent de devenir des victimes de cette lutte. Depuis la prise de contrôle de Mariani et Gressier par ces groupes, le nombre de pertes humaines est incontrôlable, l’État ayant perdu le contrôle de ces territoires.
Qui est responsable de cette situation chaotique dans le pays ?
Dans toute société, c’est à l’État qu’incombe le contrôle et la sécurité de ses citoyens. En Haïti, cette responsabilité semble faillir. La négligence des autorités et l’absence de vision pour l’avenir du pays contribuent à cette crise sécuritaire. Des intérêts personnels prévalent souvent sur l’intérêt collectif, plongeant le pays dans l’obscurité. Les citoyens, de leur côté, semblent résignés ou désengagés face à cette situation, laissant perdurer une crise qui pourrait définir une décennie.
Les moyens de transport dans le Grand-Sud aujourd’hui :
Face à l’inaction du Ministère des Travaux Publics, les habitants ont dû trouver leurs propres moyens pour se déplacer. Ceux que nous avons rencontrés se plaignent de l’impossibilité de traverser de Mariani à Léogâne depuis l’occupation de Gressier par les hommes du groupe « 103 zombis ». Ces derniers ont chassé les policiers et pris le contrôle du commissariat de Gressier, laissant la commune à leur merci. À cause de cela, de nombreux habitants ont fui Gressier, abandonnant ainsi leur territoire aux « 103 zombis ».
Le principal moyen de traversée par voie routière de l’Ouest au Grand-Sud reste la nationale numéro 2, passant par Portail Leogane, Martissant, Fontamara, Carrefour, Mariani, Gressier, et Leogane, en continuant vers les départements du Sud, Sud-Est, Nippes, Grand-Anse et une partie de l’Ouest.
Les usagers, craignant les actes de violence, ont adopté trois principaux moyens de transport en fonction de leurs moyens économiques :
« Nous pouvons voyager en moto de Carrefour à Léogâne via Dégan, bien que cela implique des risques d’accidents et d’autres actes criminels. Certains préfèrent le voyage en bateau de Carrefour à Petit-Goâve ou Miragoâne, souvent appelé ‘Kawoli’, tandis que d’autres optent pour l’avion depuis l’aéroport international Toussaint Louverture », raconte un usager. Il est à noter que la majorité des voyageurs préfèrent le voyage en bateau malgré les risques encourus.
Le coût du transport de l’Ouest au Grand-Sud du pays devient de plus en plus prohibitif pour les habitants du Sud. Alors que les motards, avions et bateaux tirent profit de cette situation, les conditions de transport se détériorent chaque jour. Jusqu’à quand l’État haïtien reprendra-t-il le contrôle de la circulation dans le Grand-Sud du pays ? La population ne peut plus attendre.
Alisson Doris, Auteur